J'ai pensé vous aider en intégrant dans mon blog (lien en fin d'article) l'adresse de Charlotte BAILLY qui, chaque jour, réalise un travail considérable pour nous aider à consommer de manière plus saine et plus responsable.
Charlotte s'intéresse de près à cette problématique du “mieux manger”, en essayant de supprimer de nos assiettes les produits qui pourraient nous nuire, où nuire à la planète!
Elle vient de réaliser un article détaillé (accompagné par plusieurs infographies « de poche ») sur l’importance de consommer des fruits et légumes de saison. Outre les nombreux bénéfices apportés par une consommation saisonnière de ces produits (plus de saveurs, meilleurs pour la santé et pour la planète… et détaille également les dangers de ne PAS le faire (coûts plus élevés, emballages supplémentaires, pollution etc…).
N'hésitez surtout pas à visiter son excellent site qui, j'en suis convaincu, vous apportera autant qu'à moi, une aide précieuse.
Je cite Charlotte :
" Personne n’aime attendre et encore moins lorsqu’il s’agit de manger! On a longtemps pensé que la disponibilité des fruits et des légumes hors saison était un luxe devenu abordable grâce à la mondialisation, toutefois, cette conception n’a pas fait long feu devant la multitude de problèmes que soulève cette pratique. Voyons cela en détail.
Nous sommes tous des consommateurs à notre échelle et nous avons, au moins inconsciemment, une liste plus ou moins hiérarchisée des priorités que nous favorisons dans nos décisions alimentaires. On retrouve ainsi :
- 1. Une exigence de qualité (On veut le produit sain et savoureux)
- 2. Une exigence socio-environnementale (On veut que la production et l’acheminement du produit ne soient pas nuisibles à la planète et aux populations)
- 3. Une exigence d’accessibilité (On veut le produit facile à se procurer et abordable)
- 4. Une exigence de temporalité (On veut le produit n’importe quand)
Nul besoin d’être un expert en la matière pour comprendre les mécanismes qui entrent en jeu. On ne peut pas tout avoir à la fois et certaines exigences ne pourront simplement pas être satisfaites. En revanche, on peut déjà voir que si les points 1 et 2 sont raisonnablement indispensables, les points 3 et 4 sont dictés par des habitudes de consommation, c’est-à-dire qu’ils sont plus faciles à contourner.
Nous allons ici nous concentrer sur le dernier point pour montrer comment on peut favoriser les points 1, 2 et 3 - soit manger des fruits et légumes plus savoureux, plus sains, plus écologiques et moins chers avec comme seul outil de la patience !
Fruits et légumes de saison : de la qualité et du goût !
Pour faire pousser des aliments hors saison, il faut de l’espace. Cela implique que les cultures sont situées loin (parfois littéralement à l’autre bout du monde) du consommateur. Il faut donc acheminer les produits et cela prend du temps. Le facteur temps est crucial car les fruits et légumes perdent leur qualité gustative très rapidement après la récolte. On a donc des fruits trop mûrs ou qui finissent de mûrir dans l’obscurité de la soute d’un véhicule. Il n’est donc pas étonnant qu’on ait l’impression que la saveur est restée bloquée à la douane.
En revanche, les produits locaux et de saison sont une garantie supplémentaire de qualité et de goût. Les fruits et les légumes sont disponibles le lendemain de la récolte et ont donc pu se développer convenablement. Les vertus nutritives sont préservées et la saveur est à son maximum.
Pourquoi payer plus cher quand c’est moins bon ?
Comme si ça ne suffisait pas d’être moins bons et moins nourrissants, les produits hors saisons sont aussi considérablement plus chers et – point très important – les prix peuvent fluctuer de façon imprévisibles sur des ordres de grandeur parfois doublés, voire triplés ! Le transport et les conditions de production artificielles n’affectent donc pas que la saveur, ils nous coûtent aussi très cher.
Lorsque le prix ne semble pas excessif, il suffit de se reporter à la liste de nos exigences contradictoires pour trouver l’explication : la qualité du produit a été volontairement dégradée à grand renfort de pesticides et techniques de production industrielle en tout genre pour garder un
prix abordable (point 1) et/ou les conditions de fabrications sont désastreuses pour l’environnement (point 2). La question est donc, avons-nous vraiment envie de manger ça ?
Et la santé ?
Il faut savoir qu’en règle générale, la nature est bien faite. Nos organismes ont évolué pour tirer le meilleur des ressources alimentaires immédiatement disponibles dans notre environnement. C’est pour cette raison que notre corps apprécie autant les fruits gorgés de vitamine C qui poussent en hiver et les légumes chargés d’eau quand la saison est plus sèche.
En fait, sortir de ce cycle, c’est priver notre système immunitaire de toute une panoplie d’outils de défense face aux maladies (dont la majorité respecte soigneusement le cycle des saisons pour sa part !). Sans parler des maladies moins saisonnières (cancers pour ne citer qu’eux) qui se développent de façon curieusement proportionnelle à l’utilisation des pesticides qu’on utilise pour faire pousser des légumes hors saison. A méditer.
L’hors-saison, ou le paradoxe du serpent qui se mord la queue.
Consommer des aliments hors saison est une décision plus lourde de conséquences qu’on ne le pense. Plus personne aujourd’hui n’ignore les problématiques liées au transport (pollution, coûts énergétiques) et au stockage (utilisation massive de plastique et d’emballages en tout genre). Aujourd’hui, il faut aussi prendre en considération les autres aspects de ce mode de consommation. Explications : Pour amener un panier de fraises dans l’assiette d’un français en plein mois de Décembre, il existe plusieurs façons de procéder qui sont d’autant plus pesantes qu’elles ne sont pas exclusives et peuvent se potentialiser mutuellement :
La production sous serre, c’est-à-dire qu’on va recréer artificiellement les conditions propices à la maturation du fruit. C’est coûteux en énergie, en espace, en main d’oeuvre et les techniques modernes ne permettent pas encore d’atteindre une qualité comparable à la production naturelle. Autrement dit, on dépense plus de ressources et on paie plus cher pour un produit moins bon.
L’importation est une deuxième façon de trouver des produits hors saison. Quand ce n’est pas la saison chez nous, c’est presque systématiquement la saison ailleurs alors pourquoi s’en priver ?
La réponse à cette question est plus évidente qu’on ne le pense. Ce modèle serait fonctionnel (et même plutôt bénéfique) s’il se limitait à une relation d’import/export entre deux états. Seulement, la réalité est bien plus complexe et ce n’est pas deux états qui entretiennent ce type de relation mais un réseau qui relie presque tous les états entre eux. On constate alors que quelques pays se retrouvent en position de répondre à des demandes gigantesques et que l’exploitation de tels marchés implique des transformations environnementales majeures. C’est ainsi qu’on en vient à pratiquer massivement la déforestation et à bouleverser des écosystèmes entiers de façon permanente pour créer rapidement des moyens de production. Tout ceci, au détriment des sols (techniques de production déraisonnées répondant à un besoin court-termiste), des populations (expropriations, pollution, conditions de travail) et de l’économie de tous pays concernés (hyper
spécialisation des moyens agricoles, perte de moyens des agriculteurs proches de nous, pression du privé sur le public… etc.).
Le problème ce n’est donc pas qu’une personne consomme des fruits hors saison, c’est qu’énormément de gens le font. La solution est donc simple : se responsabiliser et sensibiliser.